Les changements climatiques pourraient se traduire en Tunisie par quatre impacts majeurs :
La capacité d’adaptation du secteur de l’eau face à ces impacts est jugée modérée, ce qui contribue à une vulnérabilité au changement climatique assez élevée.
L’augmentation des besoins en eau est beaucoup plus ressentie au centre de la Tunisie, au niveau des régions de Kasserine, Sidi Bouzid, Kairouan où les taux de pauvreté et de chômage sont les plus importants du pays et où les revenus sont fortement tributaires de l’agriculture.
Compte tenu du fait que la Tunisie se trouve déjà en situation de pénurie d’eau et que le taux de mobilisation des ressources en eau conventionnelles est de 92 %, différentes mesures d’adaptation ont déjà été initiées :
Développement et mobilisation des eaux non conventionnelles
Plusieurs unités de dessalement de l’eau de mer sont actuellement actives, ou en cours de construction, dont notamment : la station de dessalement d’eau de mer de Djerba de capacité 50 000 m3/jour et les stations de dessalement de Sfax (100 000 m3/jour extensible à 200 000 m3/jour), de Zarrat (50 000 m3/jour), et celle de Sousse (50 000 m3/jour). Ces investissements devront permettre de sécuriser l’alimentation en eau potable jusqu’à l’horizon 2030.
La valorisation du potentiel des eaux usées traitées, évalué à environ 300 Mm3, est également un axe en cours de développement en Tunisie. Pour ce faire, un programme a été initié par l’ONAS pour l’amélioration de la qualité de traitement des eaux usées par la réhabilitation des stations d’épuration et l’intégration d’un traitement tertiaire.
Transferts d’eau et recharge artificielle
La possibilité de transférer une partie des eaux excédentaires, évaluées à 400 Mm3/an, de l’extrême nord vers le centre du pays au niveau de la rgion de Kairouan, est actuellement à l’étude.
Cette mesure prévoit le renforcement des infrastructures par la connexion des barrages, le dédoublement des conduites de transfert, et la création de nouveaux ouvrages de stockage pour un montant d’investissement d’environ 1 400 MDT.
Un programme national de recharge artificielle des nappes est également initié en considérant les eaux de surface ou les eaux usées traitées. Le volume d’eau injecté dans les nappes est cependant tributaire de la disponibilité des eaux de surface, et a évolué de 66,2 Mm3 en 1996 à 30,52 Mm3 en 2015.
Gestion de l’eau agricole
La conservation des eaux et du sol a fait l’objet d’une nouvelle stratégie intégrant l’impact du changement climatique.
Des mesures d’adaptation sont également initiées dans le secteur agricole pour réduire la demande en eau, comme le recours à l’agriculture de conservation .
Une stratégie nationale d’économie d’eau dans le secteur agricole depuis 1995 a permis d’équiper plus de 80 % des périmètres irrigués de techniques d’économie d’eau, ce qui a permis de réduire la demande en eau sur une partie des périmètres. Néanmoins l’efficacité de cette stratégie est limitée par la vétusté des installations (65 % des périmètres ont plus de 25 ans).
Cadre institutionnel, gouvernance et connaissances
Le Code de l’eau est en cours de révision et la possibilité de créer une instance de régulation est en cours d’étude. Aussi, la loi de création des GDA est en cours de révision afin de tenir compte de nouveaux enjeux de gestion.
Enfin, une étude « eau 2050 » est initiée par le MARHP pour identifier les nouvelles orientations du secteur de l’eau à l’horizon 2050 tenant compte des enjeux liés au changement climatique, des besoins de la décentralisation, du droit à l’eau tel que défini par la constitution tunisienne et des objectifs de développement durable.
Les principaux impacts du changement climatique sur l’agriculture et les écosystèmes identifiés en Tunisie sont :
Les princiaples initiatives d’adaptation du secteur agricole comprennent notamment ce qui suit :
Renforcement des capacités d’observation et des connaissances scientifiques
Le suivi météorologique et climatique a été très largement développé dans le but de pouvoir anticiper les évènements extrêmes pouvant causer des dommages sévères et des pertes conséquentes sur les récoltes agricoles
Adaptation des systèmes agricoles face à la raréfaction des ressources en eau
La Tunisie a entamé depuis 1995 le Programme National de l’Economie d’Eau. En 2015, notamment en réponse aux changements climatiques déjà observés, l’irrigation localisée (goutte à goutte) est appliquée à environ 46 % de la surface totale des périmètres irrigués, contre 30 % pour l’irrigation par aspersion et 24 % pour l’irrigation gravitaire améliorée (L’Univers De l’Eau SARL, 2016). Comme expliqué dans la section sur les ressources en eau, les principales initiatives d’adaptation concernent le développement et la mobilisation des eaux non conventionnelles, comme le dessalement de l’eau de mer et la valorisation des eaux usées traitées.
Enfin d’autres mesures d’adaptation sont initiées dans le secteur agricole pour réduire la demande en eau, comme le recours à l’agriculture de conservation, à l’échelle locale et régionale.
En termes d’agriculture traditionnelle, une des initiatives d’adaptation est l’éducation des agriculteurs à la réutilisation des savoir-faire ancestraux. Chaque gouvernorat en fonction des types d’agriculture développés au sein de son espace géographique, a aussi prévu de mettre en place des mesures d’adaptation en renforçant les débats participatifs entre gestionnaires et agriculteurs et/ou habitants des communes rurales par exemple. Le renforcement des capacités des services dédiés en termes de formations est également une priorité.
Elaboration et mise en œuvre de plans et stratégies d’adaptation au changement climatique à l’échelle nationale
La Stratégie Nationale de Gestion Durable des Forêts et Parcours en Tunisie (2015-2024) dans un contexte de changements globaux (MARHP) vise à lutter contre les impacts du changement climatique sur les écosystèmes agricoles. D’autre part, les oasis, écosystèmes fragiles, font l’objet de plusieurs stratégies en Tunisie. Dès 2012, Le Ministère de l’Environnement publie un rapport « Les oasis de Tunisie : à protéger contre la dégradation et les effets du changement climatique ». Successivement en 2014 et 2015 sont élaborés un projet de Gestion Durable des Ecosystèmes Oasiens Tunisiens et une Stratégie de Développement Durable des Oasis en Tunisie. Un projet de recherche porté par l’IRD vise à évaluer le fonctionnement et la vulnérabilité des écosystèmes méditerranéens côtiers anthropisés (2016–2018). Finalement, en 2015, le Ministère de l’Environnement formule des orientations stratégiques et élabore un plan d’actions relatif à l’adaptation de la biodiversité, dans son ensemble, aux changements climatiques.
Par ailleurs, il semble que l’importance des fonctions environnementales des écosystèmes tunisiens est de plus en plus considérée comme facteur d’adaptation au changement climatique. Néanmoins la mise en œuvre des actions et recommandations de l’ensemble de ces études et stratégies reste à renforcer.
Pour la Tunisie, toutes les études réalisées sur l’Elevation Accélérée du Nineau de la Mer (ENM) en relation avec le changement climatique se sont basées sur le scénario le plus pessimiste du rapport GIEC de 2007. Appuyées et complétées par quelques travaux de recherche récents, ces études estiment une élévation du niveau moyen de +1 m à la fin de ce siècle.
Les Principaux éléments de vulnérabilité du littoral aux changements climatiques inclent notamment ce qui suit :
Principales initiatives d’adaptation
Les initiatives d’adaptation recensées peuvent être divisées en deux grandes catégories de mesures d’adaptation :
MESURES D'INGENIERIE
MESURES REGLEMENTAIRES, INSTITUTIONNELLES ET DE RENFORCEMENT DES CONNAISSANCES ET DES CAPACITES
Le cadre institutionnel et la gouvernance :
Les mesures règlementaires :
Le renforcement des connaissances et des capacités :
Les observations sur près d’un siècle semblent montrer une tendance à la hausse des températures marines dans le golfe de Gabès.
En effet, la température de l’eau de mer se réchauffe avec un taux moyen de + 0,12 ° C/décennie au niveau du golfe de Gabès.
En raison du nombre relativement faible de points de données disponibles, cette tendance serait seulement indicative de la tendance à long terme.
Les impacts des changements climatiques devraient être ressentis avec plus d’acuité à partir de 2050, et plus encore durant la deuxième moitié de ce siècle. Pour les trois horizons 2030, 2050 et 2100, les tendances apparaissent comme suit, d’après les principaux travaux réalisés, pour le scénario du risque maximum :
2030 | 2050 | 2100 | |
---|---|---|---|
T° (mer) | +0,8°C | +1,1°C | +3,1°C |
Salinité | ~0 PSU | ~0 PSU | +0,9 PSU |
Sur la base des principaux travaux réalisés et sur les données disponibles, il apparait que le secteur pêche et aquaculture est vulnérable aux changements climatiques et dont les impacts se traduisent par :
Principales initiatives d’adaptation
Les initiatives d’adaptation du secteur de la pêche aux changements climatiques restent, jusqu’à présent, très timides.
On note toutefois des tentatives pour l’exploitation des espèces invasives comme le crabe bleu qui menace sérieusement l’activité de pêche côtière dans le golfe de Gabès. Une stratégie nationale pour la valorisation de cette espèce a été mise en place.
Des essais ont été menés pour récolter cette espèce et la mettre dans le marché de consommation ou dans le circuit d’exports des produits de pêche. Les résultats correspondants restent très limités vue, d’une part, la taille de ce crabe qui est inférieure aux calibres exigés pour l’export et, d’autre part, à l’absence, au niveau des traditions tunisiennes, d’une culture de consommation de ce type de produits de la mer.
Plusieurs impacts potentiels du changement climatique sur le secteur du tourisme en Tunisie peuvent être identifiés :
Les impacts du changement climatique sur la santé humaine sont de deux ordres : directs ou indirects.
Certains impacts présentés ci-dessous relèvent plutôt de facteurs aggravants ayant des conséquences sur la santé, tandis que d’autres dérivent directement du changement climatique.
Ils ont été identifiés et jugés comme étant prioritaires dans un contexte de changement climatique.