Reconnaissant l’ importance des ressources côtières et marines uniques de la Tunisie et cherchant à développer une stratégie intégrée et durable pour accroître leur contribution économique et exploiter pleinement le potentiel de l’ économie bleue, le Gouvernement tunisien, représenté par le ministère de l’Environnement et le Secrétariat général des affaires maritimes, en partenariat avec la Banque mondiale, s’ est engagé depuis 2020 dans un processus d’identification des opportunités pour le développement de l’ économie bleue en Tunisie.

Ce processus s’est appuyé particulièrement sur un diagnostic d’experts, élaboré à partir de la documentation et les statistiques les plus récentes et enrichi par un questionnaire et une concertation élargie entre les différents acteurs impliqués dans la gestion du littoral et de la mer.

L’objectif du diagnostic : Faire un état des lieux de l’existant et de poser les bases de la future stratégie nationale d’économie bleue.

Il a permis de définir une vision stratégique à partir de laquelle un ensemble d’activités clés traditionnelles ou établies en Tunisie, développées de manière durable, d’activités émergentes bleues et d’activités liées à la protection de l’ environnement et des services fournis par les écosystèmes marins et littoraux doivent jouer un rôle majeur dans le développement d’une économie bleue en Tunisie.

La vision : une économie créatrice de richesse et d’emplois, garantissant à la fois les équilibres environnementaux du capital naturel ainsi que l’inclusion sociale des populations concernées. L’économie bleue favorise de ce fait la croissance économique, l’inclusion sociale, la préservation ou l’amélioration des moyens de subsistance, tout en assurant la viabilité environnementale de la mer et des zones côtières. Elle doit également offrir les meilleures conditions pour une plus grande résilience et une adaptation aux changements climatiques. Elle favorisera aussi l’articulation et la coordination des différentes stratégies sectorielles.

Cette vision devra répondre à :

Trois défis majeurs :

  • i - la création de richesse aux bénéfices socio-économiques pour les générations actuelles et futures ;
  • ii - la préservation du capital naturel, à travers la protection et la restauration de la Diversité biologique et des écosystèmes marins ; et
  • iii - l’adaptation et la résilience aux impacts grandissants du changement climatique.

Pour permettre de traduire cette vision, on a défini :

Trois objectifs stratégiques:

  • i - la promotion de la croissance économique des activités maritimes, traditionnelles et nouvelles,
  • ii - l’inclusion sociale et l’égalité de genre, par la création d’emplois durables, la préservation et l’amélioration des moyens de subsistance, et
  • iii - la pérennisation des ressources naturelles et des services écosystémiques.

Six axes stratégiques, devant conduire ensemble à la concrétisation des objectifs fixés, ont été identifiés comme suit :

  • i - mettre en place une gouvernance institutionnelle impliquant l’ensemble des parties prenantes ;
  • ii - assurer la coordination et la cohérence des politiques publiques, des stratégies, et des plans et programmes sectoriels ;
  • iii - promouvoir les ressources et les mécanismes de financement appropriés et innovants des programmes et des projets de l’économie bleue : investissements publics, privés, partenariat public-privé, l’émission d’obligations bleues «Blue Bounds »;
  • iv - favoriser la création d’emplois, la lutte contre la pauvreté, l’inclusion du genre et des groupes vulnérables ;
  • v - développer la connaissance du capital marin et littoral, aussi bien naturel que culturel et,
  • vi - accroître la résilience au changement climatique à travers le renforcement des mesures d’atténuation et d’adaptation.

VERS LE DEVELOPPEMENT DE l’ECONOMIE BLEUE EN TUNISIE

Il ressort du diagnostic que la réalisation des objectifs annoncés et des axes stratégiques nécessite un accompagnement à l’intégration des principes de l’économie bleue dans la stratégie nationale dans le domaine maritime et les stratégies et programmes sectoriels. Un tel accompagnement permettra de créer les conditions idoines à l’ensemble des intervenants pour qu’ils puissent ensemble favoriser la création de richesse en relation avec la mer et le littoral qui répondrait aux attentes des populations tout en étant inclusive et respectueuse des équilibres écologiques.

Ainsi, le diagnostic approuvé dans le cadre de la concertation avec les parties prenantes, de nombreuses recommandations et actions prioritaires ont été formulées en matière d’études complémentaires, de réformes et d’investissements.

Les principales recommandations à court et moyen termes qui permettront de tracer la feuille de route sont résumées ci-dessous :

CADRE DE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE BLEUE

1. Mettre en place une fonction de coordination forte pour le processus de transition vers une économie bleue, comprenant le renforcement ou le développement de nouveaux outils (Gestion intégrée des zones côtières, Planification spatiale marine, Aires marines protégées) et la prise en compte des principes de l’ économie bleue dans les cadres réglementaires existants, le tout soutenu par un ensemble d’ actions prioritaires ;

2. Formuler et adopter une stratégie nationale, qui intègre les principes et les objectifs de l’économie bleue, aux niveaux national et infranational, et qui soit assortie d’un programme d’investissements bleus (publics et privés) ;

3. Concevoir et développer un système d’information intégré et multisectoriel sur l’économie bleue : « observatoire national de l’économie bleue », intégrant entre autres les questions climatiques ;

4. Réaliser un examen approfondi des mécanismes financiers existants afin de faciliter la promotion, le développement et la mise à l’échelle des investissements bleus ;

PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

5. Préserver les actifs marins et côtiers à travers la conservation des zones marines et côtières et leur biodiversité ;

6. Prévenir et gérer la pollution marine et côtière de toute nature et en particulier par le plastique ;

7. Développer la résilience des ressources marines et côtières au changement climatique favorisant aussi la résilience des secteurs clés de l’économie bleue tels que le tourisme, la pêche et l’aquaculture ;

SECTEURS CLÉS DE L’ÉCONOMIE BLEUE : PÊCHE, AQUACULTURE ET TOURISME BALNÉAIRE

8. Développer un secteur de la pêche et de l’aquaculture résilient au changement climatique et durable ;

9. Développer un tourisme marin et côtier durable et résilient au changement climatique.