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Edité par : Webmaster Dernière mise à jour :07-09-2023

Lors de sa participation au segment ministériel de la climate Week qui s’est tenu à Riyadh les 8 et 9 octobre 2023, mme la Ministre de l’environnement Leïla Chikhaoui-Mahdaoui a participé à un panel de haut niveau sur l’adaptation : Vers un objectif mondial d’adaptation à une augmentation des températures de 1,5°

Elle a rappelé que les besoins d'adaptation de la Tunisie et de la région élargie du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) face aux changements climatiques constituaient un sujet de la plus haute importance qui transcende les frontières et exige notre attention collective : les défis sont importants et les solutions exigent un effort concerté sur la scène internationale.

La région MENA est confrontée à une interaction complexe de facteurs socio-économiques et environnementaux qui rendent l'adaptation aux changements climatiques non seulement importante mais impérative.

La Tunisie, comme ses voisins, est confrontée à une série de défis qui nécessitent des stratégies globales et concertées.

Les besoins d'adaptation de la Tunisie et de la région MENA :

  1. La pénurie d'eau : La Tunisie, nichée dans les paysages arides de la région MENA, est confrontée à l'un des problèmes les plus urgents au monde : la pénurie d'eau. Nos mesures d'adaptation doivent englober des systèmes efficaces de gestion de l'eau, le traitement des eaux usées, la collecte des eaux de pluie et les technologies de dessalement.
  2. Pratiques agricoles : Compte tenu de l'évolution du climat et de la diminution des ressources en eau, notre secteur agricole doit faire l'objet d'une attention immédiate. Il est impératif de mettre en place des cultures résistantes à la sécheresse, des techniques d'irrigation modernes et une formation complète des agriculteurs aux pratiques durables, telles que l’agroforesterie et l’hydroponie
  3. Stress thermique : La hausse des températures a un impact sur la santé et la productivité. L'aménagement urbain doit prévoir des zones ombragées et des espaces verts, et nos maisons et bâtiments publics doivent être conçus pour résister au stress thermique et l'atténuer.
  4. Gestion du littoral : Nos zones côtières sont confrontées à la menace de l'élévation du niveau de la mer. L'adaptation nécessite des défenses côtières solides, des reculs gérés et des règles de construction visant à réduire la vulnérabilité.
  5. Infrastructure : Il est primordial de moderniser nos infrastructures pour qu'elles puissent résister aux phénomènes météorologiques extrêmes. Les routes, les ponts et les systèmes de transport public doivent être adaptés aux risques climatiques.
  6. Santé : Les changements climatiques peuvent entraîner une augmentation des maladies à transmission vectorielle. Le renforcement de notre système de santé, la surveillance et les mesures préventives sont essentiels.
  7. L'énergie : La Tunisie, comme le reste de la région, est confrontée à une demande croissante d'énergie. Nous devons diversifier les sources d'énergie, promouvoir les énergies renouvelables et améliorer l'efficacité énergétique afin de réduire la dépendance aux combustibles fossiles.
  8. Renforcement des capacités : Les gouvernements, les communautés et les parties prenantes ont besoin d'une formation approfondie et de ressources pour comprendre nos besoins d'adaptation et agir en conséquence.
  9. Préparation aux catastrophes : La mise en place de systèmes d'alerte précoce, de mécanismes de réponse aux catastrophes et de programmes de sensibilisation des communautés est cruciale pour notre résilience.

Lacunes dans l'évaluation :

  1. Manque de données : Nous sommes souvent confrontés à un manque de données localisées, fiables et actualisées, ce qui entrave l'efficacité des projections climatiques et des évaluations d'impact.
  2. Contraintes financières : Les ressources financières limitées posent des problèmes pour établir des priorités et mettre en œuvre les mesures d'adaptation nécessaires.
  3. Absence d'approche intégrée : Les approches cloisonnées dans des secteurs tels que l'eau, l'agriculture et la santé empêchent d'apporter une réponse globale à l'adaptation au climat.
  4. Recherche insuffisante : Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les impacts régionaux et locaux spécifiques du changement climatique.
  5. Engagement des parties prenantes : L'engagement insuffisant des communautés locales, des ONG et du secteur privé entrave l'efficacité de l'évaluation et de la planification.
  6. Capacité institutionnelle : Certains pays, dont la Tunisie, n'ont pas la capacité institutionnelle d'entreprendre des évaluations complètes.
  7. Cadres juridiques et politiques : Certains pays ne disposent pas des cadres juridiques et politiques nécessaires pour mettre en œuvre des mesures d'adaptation efficaces.

Améliorer la coopération internationale, le renforcement des capacités et le soutien :

La coopération internationale, le renforcement des capacités et le soutien sont essentiels pour relever les défis uniques auxquels sont confrontés la Tunisie et la région MENA. Pour renforcer cette assistance, nous proposons une approche à plusieurs facettes :

  1. Assistance financière :
    • Financement direct : Les pays développés peuvent allouer des fonds spécifiquement à des projets d'adaptation en Tunisie.
    • Fonds vert pour le climat (FVC) : Encourager des contributions plus importantes à des fonds tels que le GCF pour aider les pratiques d'adaptation et d'atténuation.
    • Financement innovant : Explorer les obligations climatiques, les systèmes d'assurance et les investissements du secteur privé.
  2. Transfert de technologies :
    • Faciliter le transfert de technologies pertinentes pour l'adaptation au climat.
    • Promouvoir les collaborations en matière de recherche et de développement afin d'adapter les technologies aux besoins spécifiques de la Tunisie.
  3. Ateliers de renforcement des capacités et formation :
    • Organiser régulièrement des ateliers et des séances de formation à l'intention des décideurs, des scientifiques et des responsables locaux.
    • Soutenir les programmes d'éducation et de formation à la science du climat, les techniques d'adaptation et le développement durable.
  4. Partage des connaissances :
    • Mettre en place des plateformes permettant aux pays de partager les meilleures pratiques, les études de cas et les enseignements tirés.
    • Organiser des conférences internationales pour favoriser la collaboration sur les stratégies d'adaptation.
  5. Assistance technique :
    • Déployer des équipes d'experts pour aider à l'évaluation de la vulnérabilité, à l'analyse des risques et à la formulation de plans nationaux d'adaptation.
    • Proposer une assistance pour la mise en place de systèmes d'alerte précoce, d'outils de collecte de données et de mécanismes de suivi.
  6. Soutien politique et institutionnel :
    • Aider à la création ou au renforcement de cadres institutionnels dédiés à l'adaptation au climat.
    • Partager les cadres politiques, les instruments juridiques et les modèles de gouvernance qui ont fait leurs preuves.
  7. Coopération Sud-Sud :
    • Encourager les collaborations entre la Tunisie et d'autres pays en développement qui partagent des défis similaires.
    • Faciliter les accords de jumelage ou les partenariats entre villes sœurs pour l'échange de connaissances et de ressources.
  8. Prise en compte des connaissances autochtones et locales :
    • Reconnaître et intégrer les connaissances traditionnelles et autochtones dans les stratégies d'adaptation.
    • S'engager avec les communautés autochtones et assurer leur représentation dans les forums internationaux.
  9. Collaborations en matière de recherche :
    • Mettre en place des programmes de recherche conjoints ou des centres d'excellence axés sur l'adaptation au climat.
    • Soutenir les échanges universitaires et les bourses liées à la science du climat et à l'adaptation.
  10. Renforcer la participation aux forums mondiaux :
    • Veiller à ce que la Tunisie puisse faire entendre sa voix dans les forums internationaux tels que les négociations de la CCNUCC.
    • Soutenir la participation de la société civile, des groupes autochtones et d'autres parties prenantes tunisiennes aux discussions mondiales.
  11. Flexibilité et soutien spécifique au contexte :
    • Reconnaître les défis et les besoins uniques de la Tunisie, en veillant à ce que le soutien international soit flexible et adapté au contexte.

En conclusion, notre voyage vers un avenir résilient nécessite un front uni.

La Tunisie, comme ses voisins, se trouve au carrefour de l'adaptation et du développement durable. Grâce à une coopération internationale accrue, au renforcement des capacités et au soutien, nous pouvons renforcer notre capacité d'adaptation et construire un avenir qui préserve nos populations et notre planète. Lançons-nous dans cette entreprise collective avec un sentiment d'urgence, de responsabilité et d'engagement commun pour le bien-être des générations à venir. Dans le cadre de sa participation à la discussion sur l’adapation, Mme la Ministre a rappelé ce qui suit :

  • La vulnérabilité de la Tunisie (été le plus chaud depuis 100 ans, incendies à Tabarka) et de la région méditerranéenne dans son ensemble, en évoquant les tristes événements de Libye, du Maroc ou de la Syrie, ainsi que les incendies de forêts
  • Ce que la Tunisie attend de la COP : la mobilisation des 100 milliards, le Fonds pour les pertes et dommages, mais surtout la nécessité de trouver des financements destinés à l’adaptation, car le Fonds pour les pertes et dommages suppose qu’il y ait des dommages et l’adaptation consiste justement à faire en sorte que ces pertes et dommages ne surviennent pas
  • Les difficultés d’évaluer les besoins d’adaptation actuellement dans l’ensemble de la région
  • L’évocation du forum arabo-africain sur la science et la technologie au service de la réduction des risques de catastrophe dans le cadre du Nexus secteur privé, politiques publiques et secteur académique
  • Le rappel que la Tunisie pourrait abriter le projet de ceinture verte proposé à la CNULCD (2015) et être le point focal car elle dispose de la technologie nécessaire pour ce faire (mais manque de financement)
  • La proposition de l’échange dette-nature pour des projets climatiques dans la région MENA
  • Chaque goutte d’eau est précieuse, promouvoir de nouvelles formes d’agriculture comme l’hydroponie ou l’agroforesterie
  • L’importance du facteur humain dans la stratégie de transition écologique du pays, qui inclut la transition énergétique et industrielle et comporte un axe entier (N° 5) consacré à la science, la culture et la connaissance au service de la protection de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques