Pour la Tunisie, toutes les études réalisées sur l’Elevation Accélérée du Nineau de la Mer (ENM) en relation avec le changement climatique se sont basées sur le scénario le plus pessimiste du rapport GIEC de 2007. Appuyées et complétées par quelques travaux de recherche récents, ces études estiment une élévation du niveau moyen de +1 m à la fin de ce siècle.

Les Principaux éléments de vulnérabilité du littoral aux changements climatiques inclent notamment ce qui suit :

  • Recul du trait de côte ;
  • Submersion des espaces littoraux bâtis, de faible altitide ;
  • Submersion des zones agricoles côtières basses (impact décrit dans la partie agriculture) ;
  • Perte des plages sableuses et des zones balnéaires ;
  • Salinisation des nappes phréatiques côtières (impact décrit dans la partie ressources en eau) ;
  • Destruction des cordons barrières et annexion à la mer des zones humides littorales ;
  • Dégradation et réduction des habitats et de la biodiversité.

Synthèse et hiérarchisation des vulnérabilités du secteur littoral aux impacts potentiels du changement climatique

Principales initiatives d’adaptation

Les initiatives d’adaptation recensées peuvent être divisées en deux grandes catégories de mesures d’adaptation :

  • Des mesures d’ingénierie : ouvrages, infrastructures ou aménagements côtiers permettant de consolider le trait de côte ;
  • Des mesures et instruments mis en place pour renforcer la connaissance, le cadre réglementaire institutionnel, et la gouvernance, permettant de renforcer les capacités en matière d’adaptation aux CC.

MESURES D'INGENIERIE

  • Des travaux de protection côtière par des techniques dites dures : Ces mesures concernent la construction ou la mise en place d'ouvrages d’ingénierie en dur dont l'objectif est de maintenir le trait de côte ou de modifier l'évolution de sa configuration géométrique. Ces types des travaux ont commencé au début des années 1980, par la mise en place d’ouvrages en enrochements pour des cavaliers, des épis et des brises lames. Un total de 30 km de côtes a été protégé par des ouvrages. Ces derniers ont permis de consolider le trait de côte là où ils sont implantés, mais de nouveaux problèmes sont apparus tels que défiguration du paysage, l’accumulation des algues, l’eutrophisation des eaux dans les criques fermées, des déséquilibres sédimentaires, une érosion agressive dans des zones limitrophes, etc.
  • Des travaux de protection côtière par des techniques dites souples : Sur la base des constats effectués sur les résultats des ouvrages en dur réalisés sur les côtes tunisiennes, l’APAL a commencé, à partir de la fin des années 1990, à rechercher de nouvelles méthodes souples pour la protection des côtes. Ces ouvrages sont conçus pour intégrer la dynamique naturelle du littoral et la mobilité du trait de côte. Ils incluent notamment les techniques de stabilisation du haut de plage par ganivelles et des actions timides de recharge artficielle des plages et de stabilisation par des géotubes de sable. Un total de 6 530 m de côtes a été protégé par des ganivelles réparties entre les sites de Tabarka, Korba, Beni Khiar, Mahdia, Chebba, Gabès et Djerba.
  • Le Programme de Protection du Littoral Tunisien (PPLT) : Les travaux, en cours de réalisation, visent à protéger 27 km de côte contre l’érosion et la submersion marine répartis entre les sites suivants :
  • Kerkennah : protection de 10,5 km de côte au niveau de 7 localités par des cavaliers et des digues ;
  • Rafraf : protection de 2 km de côte par un épi et un rechargement artificiel ;
  • Sousse Nord : protection de 4,5 km de côtes pour 4 localités par des brises lames immergées et des ganivelles ;
  • Soliman : protection de 6 km de côte par un épi et un rechargement artificiel ;
  • Tabarka, Hammamet, Dimess, Mahdia, Zarzis: protection de 4 km de côtes par réhabilitation des dunes avec des «ganivelles».

MESURES REGLEMENTAIRES, INSTITUTIONNELLES ET DE RENFORCEMENT DES CONNAISSANCES ET DES CAPACITES

Le cadre institutionnel et la gouvernance :

  • La mise en œuvre d’un programme de suivi appuyé par un Système d’Information Géographique pour la maintenance des ouvrages ;
  • La consolidation des stratégies d’approche participative de l’APAL : Mise en place de Comités Locaux des sites et production d’un guide méthodologique de communication ;
  • Le renforcement de l’organisation de l’APAL par la mise en place d’une Commission de Communication et Suivi pour la pérennisation des ouvrages ;
  • Ratification par la Tunisie du protocole GIZC ;
  • Élaboration d’un document de planification côtier spécifique pour les zones sensibles aux changements climatiques : le Schéma Directeur d’Aménagement des Zones Sensibles (SDAZS).

Les mesures règlementaires :

  • Révision et ajustement des textes juridiques du CATU et Code des Eaux (CE) pour la prise en compte des changements climatiques ;
  • Intégration, au niveau des textes réglementaires des études d’impact environnemental, de la prise en compte des changements climatiques ;
  • Révision des textes réglementaires relatifs aux critères de la gestion et de l’alignement du DPM avec la prise en compte des changements climatiques ;
  • Loi de création d’Aires Marines et Côtières Protégées (AMCP) ;

Le renforcement des connaissances et des capacités :

  • Le renforcement des capacités et des compétences de l’APAL par des formations spécifiques ;
  • L’acquisition d’outils et de moyens permettant à l’observatoire de l’APAL de mieux maitriser l’information marine et océanographique ;
  • L’acquisition d’instruments de mesures et d’observation des paramètres océanographiques du littoral Tunisien.